
Nadine Jubillar, la mère de Cédric Jubillar, au centre sur l'image, le 8 octobre 2025 devant la cour d'assises du Tarn, à Albi ( AFP / Matthieu RONDEL )
Malgré son amour pour son fils, la mère de Cédric Jubillar, parfois en larmes, a livré mercredi un témoignage incriminant pour l'accusé, exprimant ses doutes sur la culpabilité du peintre-plaquiste et regrettant de "ne pas avoir pris plus au sérieux" les menaces de mort qu'il avait proférées à l'encontre de Delphine avant la disparition de l'infirmière.
Au onzième jour du procès, au cours d'une longue audition marquée par de nombreuses hésitations et des soupirs, Nadine Jubillar a été amenée à raconter cette matinée de décembre 2020, quelques semaines avant la disparition de sa belle-fille, où son fils lui aurait dit: "J'en ai marre, elle m'énerve, je vais la tuer, l'enterrer et personne ne va la retrouver."
"Si j'avais pris plus au sérieux cette phrase, on n'en serait pas là", a lâché Nadine Jubillar, évoquant sa "culpabilité", d'abord de "ne pas avoir été capable" de s'occuper de Cédric enfant, qu'elle a eu à l'âge de 16 ans et qui a été placé à plusieurs reprises, puis de ne pas avoir "donné plus d'importance" à cette déclaration.
"Je n'ai pas compris la portée de ses mots au départ, j'ai mis ça sur le ton de la colère", a-t-elle dit, ajoutant: "aujourd'hui, je regrette de ne pas avoir donné plus de sens à cette phrase", qu'elle avait déjà livrée aux enquêteurs.
"Qu'auriez-vous fait de plus ? Vous auriez tout fait pour l'empêcher de la tuer ?", a demandé Me Laurent Nakache-Haarfi, avocat de parties civiles. "Ce sont vos mots, pas les miens", a-t-elle répliqué.

Cédric Jubillar dans le box des accusés de la salle d'audience du palais de justice du Tarn, le 22 septembre 2025 à Albi ( AFP / Lionel BONAVENTURE )
- "J'étais en colère" -
"J'étais en colère mais c’est pas pour autant que j'ai tué Delphine", a déclaré en fin de journée le peintre-plaquiste de 38 ans, qui a toujours nié être l'auteur du meurtre dont il est accusé devant les assises du Tarn. Le corps de l'infirmière n'a pas été retrouvé, en plus de quatre ans de recherches.
Vêtu d'un pull noir, qu'il a retiré pendant l'audience, Cédric Jubillar avait conservé le silence pendant l'audition de sa mère mais a répondu aux questions après le témoignage d'un ancien codétenu qui a affirmé qu'en prison, l'accusé lui avait confié avoir "pété les plombs", "vrillé", et s'être "débarrassé" de son épouse.
"Ça reste de l'ironie, certes de mauvais augure mais c'était une blague", a-t-il insisté après ce témoignage, agité de tremblements nerveux.
Selon ses avocats, il leur avait "demandé" de ne pas poser de questions à sa mère.
- En quête de "vérité" -
Nadine Jubillar, 54 ans, a été plongée dans l'affaire judiciaire et médiatique dès l'annonce de la disparition de sa belle-fille de 33 ans, quand Cédric lui a demandé, le 16 décembre 2020 au matin, de venir s'occuper des enfants au domicile du couple.
Elle s'est depuis portée partie civile, "pas en tant que maman de Cédric mais en tant que mamie de Louis et Elyah", les enfants du couple Jubillar, âgés de 11 et six ans. "Aujourd'hui, tout ce qui compte, c'est le bien-être de ces petits et la vérité", a-t-elle déclaré.
Cherchant d'abord fréquemment ses mots, essuyant une larme au moment d'évoquer l'enfance chaotique de son fils, qui le fixait, Nadine Jubillar a reconnu avoir eu "un doute", peu après la disparition. Dès le lendemain, la belle-mère de l'infirmière avait déclaré aux gendarmes: "J'espère juste que mon fils ne lui a rien fait."
Vêtue d'un ensemble bleu roi, la quinquagénaire a aussi parlé de sa "tristesse" lorsqu'elle a appris que l'accusé avait proféré auprès d'autres personnes des menaces similaires à l'encontre de sa femme, avant la nuit de la disparition. "Je croyais que j'étais la seule", a ajouté cette mère qui se "serait bien passée" de porter le même nom que son fils.

Géraldine Vallat, l'avocate de Nadine Jubillar, le 8 octobre 2025 à la cour d'assises du Tarn, à Albi ( AFP / Matthieu RONDEL )
Questionnée par les avocats généraux à propos d'une confrontation avec son fils, la quinquagénaire a raconté que Cédric n'avait pas "vacillé" à l'évocation de ces menaces: "J'étais pratiquement à genoux devant lui, à le supplier" mais il a répété "j'ai rien fait, c'est pas moi".
Face aux enquêteurs, et à nouveau au procès, Cédric Jubillar a parlé de plusieurs pistes pour expliquer la disparition de sa compagne, évoquant un départ "en Syrie" pour rejoindre le groupe Etat islamique. Des théories abandonnées par les enquêteurs et qu'il utilise "pour se couvrir", a estimé sa mère, la voix étranglée.
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